La PMA n’augmente pas le risque global de cancer pédiatrique

Dr Roseline Peluchon | 06 Mai 20240

Les traitements de procréation médicalement assistée (PMA) ont été suspectés d’être des facteurs de risque possibles de cancers pédiatriques. Les données sont toutefois contradictoires, et les études souvent basées sur des nombres de cas limités. 

Une cohorte française de plus de 8,5 millions d’enfants

Une équipe française a utilisé les données du registre national EPI-MERES, répertoriant toutes les naissances en France depuis janvier 2010. L’objectif était d’évaluer le risque de cancers parmi les enfants nés après une PMA, en comparaison avec les enfants conçus naturellement. Ce registre inclut actuellement plus de 8,5 millions d’enfants, de 6,4 ans d’âge moyen, dont 260 000 (3,1 %) nés après PMA. Parmi ces derniers, 134 000 sont nés à la suite d’un transfert d’embryon frais, 66 000 (0,8 %) après transfert d’embryon congelé, et 60 000 (0,7 %) conçus par insémination artificielle. 

Pendant un suivi médian de 6,1 ans, 9 256 enfants ont présenté un cancer. Le risque global de cancer, tous types confondus, n’est pas augmenté pour les enfants nés par PMA, qu’il s’agisse du transfert d’embryon frais (HR 1,12 ; 95 % CI 0,96 à 1,31), du transfert d’embryon congelé (1,02 ; 0,78 à 1,32) ou d’insémination artificielle (1,09 ; 0,86 à 1,38).

Une légère augmentation du risque de leucémie n’est pas exclue

Toutefois, les données suggèrent un risque spécifique de leucémie supérieur pour les enfants nés après transfert d’embryons congelés (1,61 ; 1,04 à 2,50 ; différence de risque de 23,2 cas pour 1 million de personne-années), et après transfert d’embryon frais exclusivement pour ceux nés entre 2010 et 2015 (1,42 ; 1,06 à 1,92 ; 19,7 cas pour 1 million de personne-années). 

Ces données confirment celles des précédents travaux, notamment le risque légèrement augmenté de leucémie, déjà signalé dans 4 études antérieures. Les mécanismes étiologiques impliqués ne sont pas connus, mais les différentes hypothèses évoquent la responsabilité de perturbations épigénétiques. Des études ont montré que les procédures impliquées dans la PMA, comme la fécondation in vitro (FIV), la micro-injection intra-cytoplasmique (ICSI) et la stimulation ovarienne pourraient induire des modifications épigénétiques dans l’embryon, le sang du cordon et le placenta. 

Pour les auteurs, ces résultats doivent être interprétés avec prudence, notamment du fait du faible nombre de cancers répertoriés. Toutefois, l’accroissement de l’utilisation des techniques de PMA implique la surveillance attentive du risque d’augmentation des leucémies.


Les atouts de l'IA en anatomie pathologique : Frederik Deman (expert)
https://www.mediquality.net/be-fr/topic/article/25705923/les-atouts-de-l-ia-en-anatomie-pathologique-frederik-deman-expert