Le risque de FA augmenté par l'insomnie et les situations de stress, en post ménopause

Après la ménopause, plus d’une femme sur quatre développe une fibrillation auriculaire (FA). C’est ce que révèle une étude américaine, qui s’est appuyée sur des données recueillies auprès de 83 000 femmes âgées de 50 à 79 ans suivies pendant dix ans (1). Les troubles du sommeil et la survenue d’événements à l’origine d’un stress important s’avèrent être des facteurs de risque majeurs d’arythmie cardiaque en post-ménopause.

« Dans ma pratique de la cardiologie, je reçois de nombreuses femmes ménopausées en parfaite santé qui sont confrontées à un sommeil de mauvaise qualité et à des émotions négatives, ce qui, selon nous, peut les exposer au risque de développer une fibrillation auriculaire », a souligné la Dr Susan Zhao (Santa Clara Valley Médical Center, San Jose, Etats-Unis), principale auteure de l'étude. 

« Je crois fermement que les facteurs psychosociaux sont, en plus de l'âge, de la génétique et d'autres facteurs de risque de maladies touchant le coeur, les pièces manquantes pour expliquer la genèse de la fibrillation auriculaire. »

Les facteurs de risque de FA les plus communs sont l'âge, la consommation d'alcool, l'hypertension, le diabète, la maladie coronarienne, l'insuffisance cardiaque et l'obésité. Les troubles émotionnels et psychologiques liés au stress, à l'anxiété, à l'insomnie et aux symptômes dépressifs pourraient également être en cause, en agissant sur le processus inflammatoire et la fonction endocrine, mais les données à ce sujet sont insuffisantes et parfois contradictoires, en particulier après la ménopause, notent les auteurs.

Pour rechercher d'éventuelles corrélations, la Dr Zhao et ses collèges ont repris les données de 83 736 femmes en postménopause de la cohorte américaine Women's Health Initiative (WHI), notamment celles obtenues à partir des questionnaires qui leur ont été adressées lors de l'inclusion. Ces questionnaires portaient sur leurs antécédents médicaux, leur mode de vie, la qualité du sommeil, mais aussi sur des événements marquants potentiellement angoissants (divorce, problèmes financiers, violences physiques ou verbales…).

Lors de l'inclusion dans la cohorte, les femmes étaient âgées de 64 ans en moyenne. Après un suivi moyen de 10,5 ans, 28,6% des femmes incluses (n= 23 954) ont développé une FA. Parmi les facteurs psychosociaux évalués, l'insomnie est celui qui montre la plus forte corrélation avec l'apparition d'une FA. Le risque est ainsi augmenté de 4% pour une hausse d'un point du score évaluant le trouble du sommeil. Viennent ensuite les événements angoissants qui augmentent le risque de FA de 2% pour chaque point en plus sur l'échelle de stress. 

Une analyse de sous-groupe montre également que ces facteurs psychosociaux jouent un rôle plus important encore dans le développement d'une arythmie cardiaque chez les femmes les plus jeunes (entre 50 et 69 ans). « Ces résultats confortent notre hypothèse selon laquelle les déterminants psychosociaux peuvent, en plus des facteurs de risque habituels, contribuer à l'apparition d'une FA », soulignent les auteurs. 

« Identifier et traiter les facteurs de risque spécifiques et modifiables peut contribuer à réduire l'importance de la FA chez les femmes au cours du vieillissement », estiment les chercheurs. Ils proposent en particulier de s'attaquer au problème de l'insomnie, un trouble du sommeil très fréquent puisqu'il touche 25% des femmes de la cohorte WHI, en ayant recours à des thérapies comportementales et une prise en charge pharmacologique adaptée. 

Comme pour toute étude observationnelle s'appuyant sur des questionnaires d'autoévaluation, ces travaux présentent des limites. Par exemple, il est possible que l'impact psychologique des événements stressants rapporté soit de courte durée, avance la Dr Zhao. D'autres recherches sont donc nécessaires pour confirmer ces résultats, mais aussi pour évaluer l'effet sur le risque de FA d'une intervention visant à réduire l'état de stress.

Référence :

  1. Zhao S, Tindle H, Larson J, Association Between Insomnia, Stress Events, and Other Psychosocial Factors and Incident Atrial Fibrillation in Postmenopausal Women: Insights From the Women's Health InitiativeJournal of the American Heart Association, publication en ligne du 30 août 2023.


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