La prévalence mondiale des troubles du neurodéveloppement augmente progressivement. Les causes de cette progression ne sont pas encore parfaitement connues, même si plusieurs facteurs de risque ont été identifiés, parmi lesquels l’âge maternel, la naissance prématurée et des facteurs environnementaux. Depuis quelques années, un intérêt croissant est porté aux altérations du microbiome, susceptibles de jouer un rôle non négligeable dans le développement des troubles du neurodéveloppement.
C’est pourquoi l’attention se porte sur l’utilisation des antibiotiques pendant la grossesse et dans les premiers mois de vie.
La vie fœtale et les premiers mois sont en effet une période très importante pour l’implantation et le développement du microbiote intestinal. Mais les études réalisées sont souvent peu concluantes et se heurtent à la présence de très nombreux facteurs confondants, rendant leur interprétation hasardeuse.
Une étude de cohorte basée sur la population
Une nouvelle étude a été publiée récemment, réalisée en Corée du sud et portant sur une très vaste cohorte de population. Elle compare les enfants exposés aux antibiotiques pendant la grossesse et les 6 premiers mois de vie et ceux n’ayant pas été exposés. Tous les enfants nés entre 2009 et 2020 ont été suivis, jusqu’en 2021.
Les troubles du neurodéveloppement considérés étaient les troubles du spectre autistique, les déficits intellectuels, les troubles du langage et l’épilepsie. Pour tenir compte des biais d’indication et familiaux, deux designs ont été utilisés : une étude de cohorte avec score de propension et une analyse des antécédents des frères et sœurs.
Pendant les 3,6 millions de grossesses, près de la moitié des fœtus ont été exposés aux antibiotiques in utero. Dans la cohorte de 3,9 millions de nourrissons suivis pendant les premiers mois de vie, la moitié ont été exposés pendant les 6 premiers mois.
Peser le pour et le contre de l’antibiothérapie
Dans cette vaste étude, l’exposition aux antibiotiques pendant la grossesse ou les premiers mois de vie n’est pas associée à une augmentation des risques de troubles du spectre autistique, de trouble intellectuel ou du langage ni d’épilepsie. S’il existe une petite augmentation des risques dans l’ensemble de la population incluse, l’association est largement atténuée et tend vers le nul après analyse des données des frères et sœurs, suggérant quelle est la conséquence de biais familiaux. Cela est vrai sauf pour l’association avec l’épilepsie, dont le risque reste associé à l’exposition aux antibiotiques durant les premiers mois, même après prise en compte des facteurs familiaux (HR 1,13 ; 95 % CI 1,09 à 1,18).
Les différentes analyses en sous-groupes et les analyses de sensibilité donnent des résultats sensiblement identiques, sauf en cas de prise d’antibiotiques très précoce, pendant les premiers jours de vie, et dans les cas d’antibiothérapie de durée supérieure à 15 jours, situations qui nécessitent donc des analyses plus approfondies.