L’isolement social et la solitude augmentent le risque de survenue de nombreuses pathologies, parmi lesquelles les pathologies cardio-vasculaires, les infections et la démence.
En Europe, l'isolement social, défini comme un déficit objectif de la quantité et de la fréquence des relations et des interactions avec la famille, les amis et l'ensemble de la collectivité, concernerait environ 25 % des personnes âgées. La prévalence de la solitude, définie comme le sentiment subjectif de solitude ou la sensation désagréable d'être socialement isolé, quel que soit le degré objectif de cet isolement, se situerait entre 1,8 % et 12 % chez les jeunes et les adultes d'âge moyen et de 4,2 % jusqu'à 24,2 % chez les personnes âgées.
Deux cohortes, plus de 400 000 personnes suivies
Des études ont montré une association significative entre la solitude et une augmentation du risque de diabète de type 2, alors que les données concernant le lien entre l'isolement social et le diabète de type 2 semble moins probantes.
Une étude a été menée sur 2 importantes cohortes, l'une de plus de 420 000 personnes au Royaume-Uni suivies pendant 13,5 ans, l'autre de près de 14 000 chinois suivis pendant 5,8 ans. L'objectif était de préciser le lien entre l'isolement social et le sentiment de solitude et l'apparition d'un diabète de type 2. L'isolement social était évalué sur le nombre de personnes présentes au foyer, la fréquence des activités sociales, les contacts et le statut marital (pour la cohorte chinoise). La solitude était évaluée par le sentiment de solitude exprimé (oui/non). Des analyses de randomisation mendélienne à 2 échantillons ont été menées en parallèle pour attester du lien de causalité de l'association.
La randomisation mendélienne pour estimer la causalité
L'isolement social et la solitude sont tous deux associés, à la fois isolément et conjointement, à une augmentation du risque de développer un diabète de type 2 (DT2) à long terme. Dans la cohorte britannique, l'isolement social est associé à une augmentation de 17 % du risque de DT2 et la solitude à une augmentation de 21 %. Les résultats sont sensiblement les mêmes dans la cohorte chinoise (22 % et 21 %, respectivement).
Les analyses de randomisation mendélienne confortent l'existence d'un lien causal entre l'isolement social, la solitude et l'incidence du diabète de type 2. Précisons que l'association reste significative quelle que soit la prédisposition génétique au diabète et elle est retrouvée après ajustement pour différents statuts glucidiques lors de l'entrée dans l'étude.
Les auteurs regrettent qu'actuellement les stratégies de prévention du diabète de type 2 ne prévoient pas de mesures pour lutter contre l'isolement social ni le sentiment de solitude.
RÉFÉRENCE
Song Y, et coll. Social isolation, loneliness, and incident type 2 diabetes mellitus: results from two large prospective cohorts in Europe and East Asia and Mendelian randomization. EClinicalMedicine. 2023 Sep 21;64:102236. Cet article a été publié sur Jim qui tout comme MediQuality fait partie du réseau professionnel de Medscape.