Dans de nombreux pays, le taux de suicide augmente classiquement au printemps et en début d’été. D’autres facteurs temporels influencent le risque de suicide, comme le jour de la semaine et les vacances. Ainsi, le nombre de suicides est plus élevé le lundi et diminue pendant les week-ends. Les fêtes de fin d’année sont associées à un taux réduit de suicides ou de tentatives de suicide, qui augmentent en revanche le jour de l’an. Certains ont tenté de théoriser ce phénomène, arguant que les fins de cycles (fins de week-end, fins d’année) ouvraient à l’espoir de quelque chose de nouveau, alors que les débuts de cycles s’accompagneraient de déceptions (effet de la « promesse brisée »).
Une étude chronologique multi-pays
Les données obtenues ne sont toutefois pas toujours cohérentes et, pour en savoir plus, une équipe internationale a réalisé une étude sur les décès par suicide dans 26 pays, pendant plus de 40 ans. Les auteurs ont étudié l’association entre le risque de suicide et le jour de la semaine ou les vacances, et les différences selon les cultures, sur plus de 1,7 millions de cas de suicide.
Le risque de suicide culmine en début de semaine (lundi et mardi), dans tous les pays, avec, en comparaison avec le mercredi, une augmentation allant de 2 % au Costa Rica à 17 % au Chili. Le risque est inférieur le samedi et le dimanche dans la majorité des pays d’Amérique du Nord, d’Asie et d’Europe. Quelques pays font exception, puisque le risque augmente pendant les week-ends dans les pays d’Amérique du Sud ou centrale, en Finlande et en Afrique du Sud.
Le jour de l’an comporte aussi un risque plus élevé de suicide, dans la majorité des pays, avec la plus forte augmentation constatée au Chili et la plus faible au Japon.
Les hommes semblent plus touchés que les femmes par ces augmentations du risque. Pour les auteurs, cette différence pourrait s’expliquer par une plus forte pression au travail pour les hommes, à l’origine de l’augmentation du risque en début de semaine, et par une consommation d’alcool excessive plus fréquente chez les hommes pour le jour de l’an.
Pour les auteurs, ces données peuvent faciliter la mise en place de programmes de prévention mieux ciblés, prenant en compte les jours de la semaine et les jours fériés.