Vasectomie en cabinet de médecine générale ? Pourquoi pas ?
La technique de vasectomie est réalisable en ambulatoire. La demande existe. Reste deux freins de taille : la législation et la formation. Éclairage du Dr Antoine Henriet à l’occasion du congrès de l’AMUB 2023.
La question est rarement abordée pendant les études de médecine et même plus tard. C'est dire la curiosité suscitée par la session sur la vasectomie en cabinet de médecine générale à l'occasion du congrès de l'AMUB (Association des Médecins anciens étudiants de l'Université libre de Bruxelles). Le Dr Antoine Henriet a choisi de l'aborder en évoquant différentes dimensions : faisabilité, demande, cotation, aspect législatif.
Aujourd'hui, la question de l'équilibrage de la charge contraceptive est de plus en plus souvent abordée en consultation, en particulier par les hommes de 35-40 ans en couple et ayant déjà deux enfants. Que propose l'OMS ? Le préservatif, le retrait, la vasectomie ou bien la contraception thermique ou hormonale, deux techniques qui ne sont pas autorisées en Belgique.
La vasectomie est un acte chirurgical définitif qui laisse les testicules en place, n'impacte pas la production hormonale et conserve la possibilité d'éjaculation, puisque 90 % du volume d'éjaculat est produit par la prostate.
Entre 2007 et 2021, on a assisté dans notre pays à une augmentation linéaire du recours à la vasectomie, inversement proportionnelle à la stérilisation féminine.
Infographie issue de la présentation AMUB
Deux techniques de vasectomie sont actuellement possibles. D'une part, la chirurgie conventionnelle, au cours d'une hospitalisation ambulatoire généralement, durant laquelle est pratiquée une incision de 0,5 à 1 cm et un point de suture en fin de geste. Autre approche : la vasectomie sans scalpel en isolant à travers la peau le canal déférent. Le praticien pince ce canal avec un petit ciseau, pratique ensuite une micro incision de quelques millimètres afin de sortir le canal déférent, de le ligaturer et de le remettre en place sans réaliser de points de suture. Cette pratique est réalisée dans les pays anglo-saxons (Canada, Nouvelle-Zélande, Australie, Royaume-Uni) et aux États-Unis où 80 à 83 % des interventions sont réalisées en cabinet de ville, 4 à 7 % en centres de soins ambulatoires et dans 6,4 % des cas par les médecins généralistes.
Infographie issue de la présentation AMUB
Les médecins belges seraient-ils partants pour réaliser ce type d'interventions ? C'est ce qu'a voulu préciser le Dr Antoine Henriet en proposant aux urologues, gynécologues et généralistes, un questionnaire sur le sujet, accessible en ligne. Les répondants étaient très jeunes (37-40 ans en moyenne), la majorité des urologues, gynécologues et généralistes titulaires avaient déjà été confrontés à une demande de contraception masculine, mais seulement la moitié des généralistes assistants. La question de la vasectomie avait été abordée par des proportions similaires de praticiens.
À la question : la vasectomie extrahospitalière est-elle envisageable ? 73,9 % des MG répondants, 80 % des urologues et 72 % des gynécologues ont répondu : Oui. 70 % des généralistes répondants étaient intéressés par une formation complémentaire et 15 % étaient déjà formés. Parmi ces derniers, 25 % se déclaraient prêts à enseigner la technique à leurs confrères.
Puisque la demande existe et que la technique est réalisable en ambulatoire, les médecins belges peuvent-ils la réaliser en cabinet de médecine générale ? En Belgique, il n'existe pas de loi qui encadre la vasectomie, puisque la proposition de 2003 à l'image de la loi française (04/07/2001 relative à l'IVG et à la contraception article 26) n'a pas été adoptée. Interrogé sur la question de la réalisation de la vasectomie sans scalpel par les médecins généralistes, l'Ordre des Médecins renvoie vers l'INAMI 260794, qui précise que seuls les chirurgiens peuvent facturer ou pratiquer le geste. Les assurances professionnelles, de leur côté, se retranchent derrière la loi.
Le législatif est donc effectivement l'élément bloquant à ce jour, pour cette technique réalisable à moindre frais en cabinet de médecine générale.
Référence :