Une relation viscérale entre obésité et psoriasis

Dr Marie-Line Barbet | 05 Juin 2025

Dr Marie-Line Barbet | 05 Juin 2025

L’adiposité centrale, mesurée par le rapport taille-hanche, est associée de façon indépendante à un risque accru de psoriasis, avec un effet plus marqué chez les femmes. Ce lien, indépendant de la prédisposition génétique, offre de nouvelles pistes de recherche et peut-être de prise en charge. 

Une prévalence élevée d’obésité est constatée parmi les personnes atteintes de psoriasis, en particulier celles dont la maladie est sévère. L’augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC), du tour de taille et du rapport taille-hanche s'est avérée associée à un risque accru de psoriasis dans de grandes études basées sur la population.

De plus des études randomisées ont mis en évidence une relation « de cause à effet » entre le niveau accru d’obésité et le risque de psoriasis. 

Toutefois, ces études reposaient majoritairement sur des mesures anthropométriques qui fournissent une vue d'ensemble de l'adiposité totale et centrale, mais manquent de précision.

C’est pourquoi Ravi Ramessur et coll. ont entrepris une étude transversale sur 336 806 personnes enregistrées dans la UK Biobank, dont 9305 atteintes de psoriasis (1).

L’adiposité y a été évaluée par plusieurs mesures anthropométriques mais aussi à l’aide de méthodes avancées, notamment l'impédance bioélectrique, l'absorptiométrie biénergétique à rayons X et l'imagerie par résonance magnétique.

La comparaison entre les patients sans et avec psoriasis montre que l'adiposité centrale (ou abdominale), mesurée par le rapport taille-hanche, est associée à un risque accru de psoriasis (Odds Ratio OR = 1,26, P = 8,74e-65). Cette association est plus marquée chez les femmes que chez les hommes.

Par ailleurs le pourcentage de graisse corporelle, mesuré par bioimpédance, a l'effet le plus important sur le risque de psoriasis (OR = 1,29, P = 3,77e-69).

Pas d’interaction avec le score de risque polygénique 

Une corrélation entre prédisposition génétique au psoriasis (notamment présence de l'allèle HLA-C*06:02) et adiposité a également été recherchée. Il est apparu que l'association entre le rapport taille-hanches et le psoriasis est plus forte chez les participants HLA-C*06:02 négatifs (interaction beta = -0,088, P = 4,35e-05) que chez les individus HLA-C*06:02 positifs.

Aucune interaction significative n'a été trouvée entre le score de risque polygénique et le pourcentage de graisse corporelle quant au risque de psoriasis (P = 0,314). Ceci suggère que le HLA-C*06:02 et l'adiposité influent de manière indépendante sur le risque de psoriasis.

Cette étude met ainsi en évidence la forte association entre les mesures de l'adiposité centrale et le risque de psoriasis, s'alignant sur ce qui est observé dans les maladies cardio-métaboliques.

Les limites de l’étude sont le recours à des données autodéclarées et des dossiers de soins primaires pour les diagnostics de psoriasis ainsi que la population concernée, uniquement constituée de sujets britanniques blancs.

Une piste pour la prise en charge

Par ailleurs ces observations ont des implications importantes pour la pratique clinique puisqu’elles suggèrent que la gestion du poids pourrait réduire le risque de psoriasis. Or, note JM Gelfand dans son commentaire, la plupart des traitements actuels, à l'exception peut-être de l'aprémilast, n'ont aucun effet bénéfique sur l'adiposité, les inhibiteurs du TNFalpha et de JAK pouvant même favoriser la prise de poids (2).

La place de traitements du diabète et de l’obésité tels que les incrétinomimétiques ou agonistes du récepteur au glucagon-like peptide-1 (aGLP1) mérite d’être considérée : ils permettent de combattre le syndrome métabolique, réduisent l’incidence des accidents cardiovasculaires et des maladies rénales, améliorent la stéatohépatite non alcoolique, toutes affections associées au psoriasis.

Il a été du reste démontré que les aGLP1 modulaient les principales voies inflammatoires (IL-17 et TNFalpha) impliquées dans l'activité du psoriasis. 

Ces constatations pourraient ouvrir la voie à un autre type de prise en charge du psoriasis. Pour l’éditorialiste, le paradigme actuel, qui consiste à se concentrer uniquement sur les manifestations cutanées et articulaires du psoriasis, est dépassé…

Source : https://www.jim.fr/viewarticle/relation-visc%C3%A9rale-entre-ob%C3%A9sit%C3%A9-et-psoriasis-2025a1000f66?ecd=wnl_all_250605_jim_daily-doctor_etid7475247&uac=481049BZ&impID=7475247&sso=true

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