La santé des femmes? "Pas intéressant, trop complexe, trop cher, trop spécifique par rapport au reste de la population - alors qu'elles en représentent la moitié... Toutes les raisons sont bonnes pour éviter le sujet", pointe le réseau Soralia mardi, veille de la Journée mondiale d'action pour la santé des femmes. Bien qu'elles prennent soin des autres, la société ne leur rend pas la pareille, dénonce le mouvement féministe de la mutualité Solidaris.
Les femmes tendent à vivre à plus longtemps mais en moins bonne santé, usées notamment par les soins qu'elles apportent aux autres, poursuit Soralia. Professionnellement (elles représentaient 78,6% du personnel de soin en 2020, d'après Statbel) mais aussi bénévolement (la charge des enfants, parents, proches malades... leur incombe encore majoritairement). Elles sont ainsi surexposées aux troubles physiques et de santé mentale "en raison non seulement de leurs conditions de travail, mais aussi du stress lié à la charge mentale de devoir concilier leur vie professionnelle et privée", selon Solidaris. D'après les chiffres de la mutualité, six malades de longue durée sur 10 en 2023 étaient des femmes.
Pour Soralia, cette invalidité est la partie visible de l'iceberg des inégalités entre les femmes et les hommes. Pourtant "ce signal de détresse est interprété comme une fraude sociale par le nouveau gouvernement fédéral".
La réforme des pensions envisagée par le gouvernement fédéral plafonnera, dès 2027, les périodes assimilées (congés parentaux, soins palliatifs, aidants proches...) à 40% de la carrière, pour atteindre maximum 20% en 2031. Au-delà, les années dédiées à autrui ne seront pas prises en compte dans le calcul de la retraite.
Or, les femmes sont déjà précarisées médicalement. Selon une étude de Solidaris, l'an dernier, près d'une sur deux (48%) a dû renoncer à un soin ou plus pour des raisons financières, contre un homme sur trois (33%).
Des solutions existent pour que la santé des femmes deviennent une priorité transversale, conclut Soralia. "Il est temps d'agir" pour que "la (bonne) santé des femmes ne soit plus une option désincarnée ou une question subsidiaire".