La médecine préventive est trop souvent reléguée au rang de bonus éventuel, de supplément de confort, voire de fantaisie de centre médical privé. Or, il n’y a rien de plus fondamental, de plus utile, de plus politique que la prévention.
Prévenir, c’est penser en amont. C’est offrir une vision de la santé fondée sur la durée, la responsabilité, la cohérence. C’est refuser une médecine de l’urgence permanente, de l’administration déshumanisée, du soin par défaut. C’est à la fois soigner plus tôt, et penser plus loin.
La prévention est un choix de structure
Dans un monde saturé d’informations, de symptômes, de souffrances diffuses, la médecine de demain devra être avant tout une médecine de clarification. Comprendre ce qui peut être anticipé, accompagné, allégé. C’est là que la prévention entre en jeu : pas comme un concept flou, mais comme une stratégie opérationnelle.
Elle permet d’éviter des hospitalisations inutiles, de créer une culture du soin partagé, de renforcer la place du patient comme acteur de sa propre santé. Elle diminue la souffrance silencieuse. Elle diminue les coûts.
On parle d’efficience. Mais l’efficience réelle, c’est celle qui évite que les gens ne tombent. Pas celle qui calcule le temps moyen pour les relever.
La prévention est un choix de méthode
Aucune politique de santé durable ne peut s’appuyer uniquement sur des soins curatifs, cloisonnés et fragmentés. Il faut une approche globale, coordonnée, où les médecins se parlent, où les disciplines se rencontrent, où l’on prépare avant d’intervenir.
C’est ce que nous avons construit chez Aspera Medical : des parcours de soin où l’écoute, la transmission d’information, la coordination interdisciplinaire font partie du quotidien. Des bilans qui ne se limitent pas à des checklists, mais qui interrogent l’histoire de vie, les habitudes, les risques silencieux. Des réunions cliniques qui ne visent pas à surveiller, mais à améliorer notre regard collectif.
Ce modèle, loin d’être un luxe, est ce vers quoi tout système de santé moderne devrait tendre.
La prévention est un choix de civilisation
Nous avons le devoir de proposer autre chose que de l’attente, de l’isolement, de la prescription automatique ou de la dépendance aux urgences. Nous avons le devoir de dire que la santé est un bien commun, pas un flux à traiter.
Refuser la prévention, c’est accepter qu’une médecine sous pression soit la norme. C’est résigner les soignants à la vitesse. Les patients à la fragmentation. L’Etat à la dette sanitaire permanente.
Oui, investir dans la prévention est un choix politique. Mais c’est surtout une vision d’avenir. Il faut bâtir des structures qui prennent le temps, qui connaissent les patients, qui répondent avant que l’urgence ne s’impose.
La prévention n’est pas un discours. C’est une organisation.
Ce que j’appelle aujourd’hui, ce n’est pas à une campagne de communication. C’est à une prise de conscience collective : Que la médecine préventive ne peut plus être le parent pauvre des politiques publiques. Qu’il est temps de remettre la durée, le sens, et la relation humaine au cœur du soin.
Et qu’il faut soutenir celles et ceux qui construisent déjà ce modèle. En Belgique, ils existent. Ils agissent. Ils avancent sans bruit. Ils portent, parfois seuls, une vision du soin qu’il serait temps de reconnaître.
La prévention est l’avenir de la santé. Pas son complément.