Construire un système de santé plus humain, plus intelligent
Je ne pensais pas devoir écrire cela. Je pensais que soigner suffisait. Mais aujourd’hui, alors qu’un nouveau projet de loi porté par le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke menace directement les fondations de notre système de santé, je n’ai plus le choix. Il faut parler. Expliquer. Résister. Et construire.
Ce que nous vivons est grave. Ce n’est pas une énième réforme technique. C’est un glissement profond, brutal, d’un modèle belge réputé pour sa qualité et son accessibilité vers un système centralisé, appauvri, rigide, et dangereux. C’est le risque de faire basculer notre médecine vers un modèle à l’anglaise, façon NHS, que tout le monde s’accorde à reconnaître comme déshumanisé, débordé, et inefficace.
Un projet de loi à contre-sens de la réalité du terrain
Ce que propose aujourd’hui le gouvernement, c’est la fin du conventionnement partiel. Une prime INAMI qui deviendrait non seulement conditionnée, mais révocable, au bon vouloir d’une administration technocratique. Une mise sous tutelle des praticiens. Des décisions prises sans concertation avec ceux qui soignent, chaque jour, dans le réel.
On ne soigne pas avec des fichiers Excel. On soigne avec du temps, de l’écoute et de l’intelligence clinique. C’est ce que j’essaie de construire avec Aspera Medical chaque jour : une médecine à taille humaine, exigeante, coordonnée, où les praticiens se parlent, s’entraident, se forment. Où l’on prend soin du corps, mais aussi du contexte, de la personne.
Ce texte de loi ne reconnaît rien de tout cela. Il impose. Il contrôle. Il sanctionne. Il envoie un message clair : “taisez-vous et alignez-vous”.
Un système qui pousse les talents à partir
La jeune génération est mobile, multilingue, formée. Elle ne restera pas dans un système qui la méprise. Beaucoup partent déjà à l’étranger, en Martinique, au Canada, ailleurs en Europe. Non pas pour gagner plus, mais pour être mieux considérés.
Ce que je vois arriver, c’est une désertification lente et brutale. Les meilleurs profils ne resteront pas. Et sans eux, le service public médical s'effondre. Car ce qui coûte cher, ce n’est pas un médecin motivé, c’est un patient hospitalisé trop tard.
Prévention, proximité, pédagogie : les vraies clés
Je défends une autre voie. Une santé construite autour de la prévention, pas de la réaction. Du dialogue, pas du décret. De l’autonomie des praticiens, pas de leur asphyxie administrative.
Chez Aspera, nous travaillons autrement. Nos guides médicaux aident les patients à comprendre, nos réunions cliniques renforcent l’humanité et la compétence collective, nos pôles intégrés permettent de mieux orienter, de mieux écouter. Des réunions d’échange entre généralistes, kinés, gynécologues, psychologues, sages-femmes et sexologues nous permettent d’analyser ensemble les situations complexes, d’améliorer nos pratiques, notre écoute, et surtout notre capacité à comprendre ce que vit le patient.
Ce n’est pas une somme de consultations, c’est un travail d’équipe. Une médecine du réel, de terrain, humaine, cohérente.
Nous développons aussi un espace de bien-être intégratif à l’automne, avec des thérapeutes manuels, des cours collectifs, et une salle de formation médicale continue accréditée par l’INAMI. Parce qu’un système de santé fort repose sur des soignants bien formés, soutenus, et respectés. Pas sur des économies de papier.
Un système qui coûte plus cher, pour soigner moins bien
Les soins de première ligne coûtent peu et préviennent des catastrophes. Un check-up précoce à 150 € peut éviter une hospitalisation de 6 000 €. Pourtant, le budget alloué à l’ambulatoire est gelé, parfois réduit, pendant que l’hôpital absorbe des milliards. Résultat : des retards, des délais, des pertes de chance.
On nous parle de "santé accessible" alors que les politiques actuelles la rendent plus chère, plus rare, et plus injuste. Le projet de Vandenbroucke détricote même les avancées de Maggie De Block, pourtant imparfaites mais cohérentes. C’est un retour en arrière. C’est absurde.
Un message aux pouvoirs publics : ça suffit.
Vous êtes des élus, pas des technocrates. Une réforme, ça se pense. Ça s’écoute. Ça s’élabore avec le terrain. On ne détruit pas un système qui fonctionne encore par dogmatisme ou par vengeance idéologique. On ne joue pas avec la santé de millions de Belges pour marquer des points politiques.
Je vous demande de faire ce pour quoi vous avez été élus : protéger ce qui compte. Investir dans ce qui soigne. Respecter ceux qui s’engagent.
Parce qu’à la fin, ce ne sont pas vos chiffres qui paient le prix. Ce sont nos enfants, nos patients, notre société.
Pour une santé digne. Pour une Belgique debout. Pour une médecine humaine, intelligente et indépendante.
Réveillons-nous. Réveillons-les. Soyons acteurs de notre santé, pas des pions dans leurs jeux politiques.
Maxime Paternotte – Aspera Medical